A partir de la rubrique de novembre (6 mois après la précédente en avril) de la Commission des règles de la FIDE, voici quelques questions délicates.


Pour L’article original en anglais, c’est ici .

Première question :
Les Blancs ont un roi. Les Noirs ont le roi + la dame. Mais les Noirs abandonnent.
Quelle est la décision de l’arbitre ? Pouvons-nous accepter son abandon ou est-ce un match nul ?

Imaginons que cela s’est produit avec des enfants, je veux juste exclure tout cas de fair-play, toute possibilité de tricherie.
Ici, la philosophie de la décision de l’arbitre est intéressante.
Si dans cette situation, les Noirs perdent au temps, c’est très simple et clair. Selon l’article 6.9, la partie est nulle si la position est telle que l’adversaire ne peut pas mater le roi du joueur par une série de coups légaux. Ce serait donc un match nul. Mais si les Noirs abandonnent, nous ne pouvons pas utiliser l’article 6.9 car il y est dit sauf là où l’un des articles… 5.1.2 (abandon) s’applique… »
Qu’est-ce que vous pensez? Quel article pouvons-nous utiliser pour suivre la lettre de la loi ?
Et le problème, c’est que l’article 5.1.2 dit très clairement qu’il s’agit d’une défaite : la partie est gagnée par le joueur dont l’adversaire déclare abandonner. Cela met immédiatement fin à la partie.

Eh bien, je suis d’accord que c’est un match nul, mais je suis juste intéressée par l’explication.

Réponse : Partons du principe que les joueurs sont fair play, et que ce n’est pas une manière de manipuler le classement… donc de gentils enfants par exemple. L’un abandonne mais l’adversaire ne peut pas gagner…

  • Imaginons que nous soyons des arbitres expérimentés. Comment penserions-nous ? Eh bien, les Noirs ont une position gagnante, ils ne sont pas capables de convertir cela en victoire, ils abandonnent… ok, cela pourrait arriver. Mais l’adversaire ne peut pas gagner : c’est un match nul. C’est du bon sens, et généralement les RDJ suivent le bon sens
  • Maintenant, faisons comme si nous étions débutants. Qu’est-ce qui est écrit dans les saintes Lois ? 5.1.2 La partie est gagnée par le joueur dont l’adversaire déclare abandonner. Ceci met immédiatement fin à la partie. Alors, je donnerai une victoire au joueur avec un roi nu ? Cela semble étrange mais je ne trouve rien d’autre dans les articles suivants. Et quel est le résultat pour les Noirs, est-ce qu’ils perdent ? Ce n’est pas clair… Puis-je donner un demi-point pour les Noirs et un gain pour les Blancs ? Non en raison de l’article 10.2 Le total des points d’une partie ne peut jamais excéder le score maximum normalement attribué pour cette partie . … Et ce serait plus qu’un point… Je suis perdu !
  • Et enfin, supposons que nous sommes un arbitre expérimenté qui a une excellente compréhension des RDJ. Vous ne trouvez pas de solution claire dans les articles (comme l’arbitre débutant), mais vous pensez que cela doit être un match nul (comme l’arbitre expérimenté). Alors vous vous souvenez qu’il n’y a pas que des articles dans les RDJ, mais aussi un beau Préambule ! De sages législateurs écrivirent sur un parchemin très ancien : lorsqu’une situation se présente qui ne se trouve décrite précisément par aucun des Articles des RDJ, on devrait parvenir à une décision correcte en considérant les situations analogues traitées par ces RDJ

    C’est précisément ce que vous avez fit en citant le 6.9. Vous retrouvez la même idée « si personne ne peut gagner, c’est un match nul » dans de nombreux articles : 1.5 & 5.2.2., 6.9 & A.4.3, 7.5.5. Et la seule exception trouvée est 11.3.2.2 (téléphone) mais il s’agit de tricherie, ce qui n’est pas le cas dans la question.

Peut-être que 6.9 pourrait être utilisé mais il vaut mieux se référer au Préambule et parler des situations analogues pour justifier sa décision d’arbitre.

La Commission des Règlements a décidé de corriger le libellé de l’art. 5.1.2. pour éviter toute ambiguïté (causée par son écriture précédente). Il sera plus facile de déclarer un match nul. Vous le lirez très prochainement lorsqu’il sera approuvé par la FIDE. J’espère que cet exemple vous montre la philosophie de l’arbitre lorsque le cas n’est pas précisément réglé dans les lois.

Deuxième question :
elle porte sur les 75 coups ou les 5 répétitions. Si les joueurs ne veulent pas réclamer le match nul et qu’ils ne se parlent pas, c’est une aide pour un arbitre qui permet d’arrêter une très longue partie.
Si cet article a été créé pour les arbitres, pourquoi rendre la vie des arbitres plus difficile ? Et les laisser venir le lendemain et changer le résultat ?

Bien sûr, je suis tout à fait d’accord, c’est un match nul. Le jeu est terminé lorsqu’un mat, un pat, une répétition 5 fois ou 75 coups se produisent et les coups suivants ne sont pas comptés.

Réponse : Donc, personne n’a réclamé. La même position est apparue cinq fois, soit 75 coups (art. 9.6), mais l’arbitre ne l’a pas remarqué, et le jeu a continué. nous ne l’avons réalisé que quelque temps après la fin. Comme vous l’avez dit, c’est comme un échec et mat : le jeu était terminé au moment où la 5ème position est apparue (ou 75 coups).

Nous devrions simplement appliquer l’art. 8.7 « À la fin du match, les deux joueurs doivent signer les deux feuilles de match, indiquant le résultat du match. Même s’il est incorrect, ce résultat est maintenu, à moins que l’arbitre n’en décide autrement. ». La question est « l’arbitre décidera-t-il de modifier le résultat ? » La réponse est : oui, si possible. Si vous vous en rendez compte immédiatement après leur signature, c’est facile : vous modifiez le résultat. Si vous l’apprenez trois jours après, il est trop tard…

Vous pouvez vous référer à l’article 8 du C.04.2 « Règles générales de gestion des tournois suisses » :
Si un résultat a été mal noté, (…) et que le joueur signale le fait à l’arbitre sous un certain délai après la publication des résultats, la nouvelle information doit être prise en compte pour le classement et les appariements de la ronde à venir. Le délai en-deçà duquel la réclamation pourra être produite doit être prévu par le programme du tournoi.
Si le signalement intervient après l’affichage des appariements mais avant la fin de la prochaine ronde, il en sera tenu compte pour les appariements à venir. S’il intervient après la fin de la ronde suivante, la correction aura lieu après le
tournoi et uniquement dans le cadre du calcul du classement du joueur.

En conclusion, l’esprit des RDJ est clairement : mettre le véritable résultat (match nul) si possible.

Troisième question :
Pourquoi n’existe-t-il pas un signe spécial pour un coup illégal ?

Réponse : La Commission des Règlements formalisera le fait que l’arbitre devra indiquer, sur la feuille de match, le premier coup illégal. Lors de la deuxième intervention, il est important de savoir si un premier coup illégal a déjà été achevé. Cela sera très utile si plusieurs arbitres doivent intervenir sur une même partie.

Quatrième question :
En Rapide ou en Blitz, l’arbitre observe le cas suivant :
Le Roi Blanc est en échec. Les Blancs au lieu de faire un coup légal (déplacer ou protéger le roi) donnent un échec au roi Noir, et appuient sur la pendule. Et aussitôt le drapeau des Noirs tombe. Que doit faire l’arbitre ?

Ici, nous ne pouvons pas utiliser l’article A 4.4 et attendre le prochain coup pour déclarer le match nul, à cause de la chute du drapeau. L’arbitre donne donc 2 minutes (si Rapide et 1 minute si Blitz). Un coup illégal est noté. Le jeu continue. Est-ce la bonne action ?

Réponse : Vous avez raison de citer l’art. A.4.4. Si l’arbitre observe deux rois en échec (…) il attendra jusqu’à ce que le coup suivant soit achevé. Ensuite, si la position sur l’échiquier est toujours illégale, il déclarera la partie nulle. Avec un tel bazar à cette table, deux Rois en échec et un drapeau tombé, un des joueurs réagira certainement. Au minimum, lorsque vous interviendrez pour la chute du drapeau (art. A.4.5), les Noirs ou les Blancs remarqueront le problème. Très probablement, les Noirs, qui viennent de donner échec au Roi blanc, et dont l’adversaire a laissé le Roi en échec, s’en plaindront. Je peux difficilement imaginer que le joueur ne réclame pas pour le coup illégal des Blancs et accepte de perdre à temps. Vous pouvez corriger le coup illégal des Blancs car les Noirs n’ont pas joué leur prochain coup (art. A.4.2). Oui, le jeu continue (avec l’application de la pénalité de temps pour ce premier coup illégal).

Cinquième question :
Elle concerne les actions de l’arbitre lors de l’application de la règle des 50 coups en Rapide ou en Blitz.

Un joueur demande à un arbitre de compter les coups (pour la règle des 50 coups). Le jeu continue, l’arbitre compte les coups (généralement en faisant des signes sur une feuille de score comme « / » mais certains arbitres expérimentés arrivent à faire suffisamment de signes permettant même de reconstituer le déroulement de la partie).
À tout moment, le joueur peut arrêter la pendule et, avec l’aide d’un arbitre, déterminer le nombre de coups effectués. Si le nombre est inférieur à 50, le joueur est pénalisé de 2 minutes (si Rapide et 1 minute si Blitz). Le jeu continue. Le joueur ne perd pas à nouveau son droit de réclamer un match nul selon la règle des 50 coups.
Lorsque 50 coups sont effectués, l’arbitre n’intervient pas. Le jeu continue. L’arbitre attend la réclamation du joueur.
Si 75 coups sont effectués, alors l’arbitre intervient et déclare un match nul.

Pensez-vous que l’arbitre peut déclarer une triple répétition sur demande du joueur ?

Réponse : Si le joueur réclame le nul pour la règle des 50 coups, vous ne dites rien sur la répétition. Mais il ne perd pas le droit de réclamer la répétition lorsqu’il a d’abord demandé pour les 50 coups. Si le joueur se rend compte qu’il y a une répétition, il peut réclamer le partage du point pour cette raison spécifique, même s’il vous appelle précédemment pour les 50 coups.

Sixième question :
Elle concerne l’article 6.9. avec le cas suivant :
le joueur A fait un mouvement, propose un match nul et appuie sur la pendule. Le joueur B réfléchit un moment et accepte, mais immédiatement après l’accord remarque que le joueur A est tombé à la pendule. Donc, le joueur B veut le gain. Quel est le résultat? Match nul ou 0-1 ?


Bien sûr, la chute du drapeau s’est produite plus tôt, ce qui aurait dû être déclaré par l’arbitre (d’ailleurs). Le score du match est déjà de 0-1 avant un match nul.
Mais selon 6.9, en dehors de l’application (…) de l’article 5.2.3, si un joueur n’a pas achevé le nombre de coups prescrits dans le temps imparti, la partie est perdue par ce joueur. Donc l’arbitre déclare un match nul. Et selon 6.8, la chute du drapeau a été remarquée trop tard. (6.8 Un drapeau est considéré comme tombé lorsque l’arbitre constate le fait ou lorsque l’un des joueurs a fait une réclamation valable à cet effet). Je suis tout à fait d’accord pour dire qu’il s’agit d’un match nul par accord mutuel, simplement je n’aime pas que si l’arbitre remplit ses fonctions correctement (suivant l’art.12.3, l’arbitre surveillera les parties, surtout lorsque les joueurs seront à court de temps…) alors le résultat serait un tombé conduisant à un gain, mais si un arbitre est un paresseux, alors nous obtenons un match nul. Cela ne devrait pas arriver.

Réponse : Eh bien… quand un arbitre est paresseux, des erreurs arrivent. Ne pas remarquer la chute d’un drapeau est un problème, mais pas toujours une erreur, à moins que vous n’ayez un arbitre pour chaque partie. Je ne suis pas d’accord quand vous écrivez « Le score du match est déjà de 0-1 avant un match nul ». À cause de l’art. 6.8 que vous citez plus tard. Le score n’est pas déjà 0-1, car le drapeau n’est pas encore considéré comme tombé. Vous devriez dire « Si l’arbitre avait remarqué que le drapeau était tombé, le score aurait été de 0-1 ».