Ce mois-ci, l’arbitre mis en valeur est Benjamin Marret, Arbitre Elite, qui a officié récemment lors du Top16 à Chartres.

Quel est ton parcours d’arbitre ?

Je suis venu à l’arbitrage après une discussion avec mon très regretté ami Adrien Hervais (de mémoire undécuple champion de France pour aveugles). C’est lui qui le premier m’a présenté la fonction. C’était en 2011.
A l’époque, cela faisait déjà une vingtaine d’années que je jouais en club et de toute évidence, j’avais atteint mes limites en tant que joueur…
Alors je me suis dit : pourquoi pas !?

Quel est ton meilleur souvenir d’arbitre ?

Mon meilleur souvenir d’arbitre date de 2015. J’arbitrais alors le 6^ème tournoi des 6 nations (un tournoi qui réunit des joueurs non-voyants ou déficients visuels). Lors d’une ronde opposant l’Irlande aux Pays-Bas, je suis appelé par deux joueurs pour une discordance entre la position présente sur leurs échiquiers et celle découlant des coups qu’ils avaient enregistrés. Poursuivre la partie impliquait alors de retrouver la dernière position commune exacte. Me voici donc à la table des joueurs, à essayer de repérer la position sur leurs petits échiquiers adaptés en bois et à comparer des feuilles de partie qui, pour un joueur sont écrites en braille et pour l’autre, sont remplacés par un dictaphone sur lequel les coups sont enregistrés en Allemand, avec un accent irlandais à couper au couteau !!
Je réalise assez rapidement que la tâche va être pour le moins délicate et un très léger sentiment de stress m’envahit alors… 

 A ma grande surprise et à mon grand bonheur, le capitaine d’une des deux équipes, qui était présent et observait la scène est venu me proposer son aide pour la reconstitution. Tu devineras facilement qu’il ne m’a pas fallu longtemps pour l’accepter. Les deux adversaires ont été d’une grande gentillesse durant toute l’intervention et la partie a pu reprendre après 5 minutes environ (qui m’ont paru une éternité).

Quels sont tes projets dans l’arbitrage ?

Après avoir franchi les anciens niveaux AF4, AF3 et AF2, je suis devenu Arbitre FIDE en 2015, épaulé par Jean-Louis Hucy, alors lui-même AF au sein de mon club. Aujourd’hui, mon objectif est d’atteindre le niveau AI, pour lequel plusieurs arbitrages de tournois permettant l’attribution d’une norme (MI, MIF, GM, GMF) sont requis.
C’est ainsi que j’ai eu le grand privilège d’être retenu pour arbitrer les Olympiades d’Echecs en Géorgie en 2018 et que j’ai tout récemment fait partie de l’équipe d’arbitrage du Top 16 à Chartres.
Dans ces deux compétitions, qui réunissent des joueurs de très haut niveau, le rôle de l’arbitre est un peu moins accès sur le respect des règles du jeu, que sur l’environnement des joueurs, en particulier, sur la lutte contre la triche. Cela se matérialise par des contrôles accrus de l’ensemble des espaces accessibles aux joueurs ainsi que par une présence mobile permanente pour empêcher et le cas échéant, sanctionner, les communications entre eux ou avec des tiers.

Quel(s) argument(s) as-tu pour inciter quelqu’un à devenir arbitre ?

Je n’ai pas de réel conseil à donner à des joueurs pour les inciter à devenir arbitre. Pour ma part, je suis joueur et organisateur de tournois depuis longtemps. L’arbitrage était la dernière fonction du jeu d’échecs que je ne connaissais pas. J’ai appris à découvrir d’autres aspects du jeu : la concertation avec l’organisation, la diplomatie, la pédagogie, la prise de décision, la responsabilité de la bonne application des règles, le réglage des pendules, mais aussi la rédaction des règlements intérieurs en amont des compétitions, les demandes d’homologation etc.
Le rôle de l’arbitre est aussi vaste que primordial et je prends aujourd’hui autant de plaisir à arbitrer qu’à jouer !
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Merci Benjamin et bonne chance dans ton cursus d’Arbitre International et tes prochains arbitrages !

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