“50mn Inside” au Championnat de France des Jeunes
Une immersion dans l’équipe d’arbitrage du championnat avec Iryna Puzenko, Arbitre Fédérale de Club, qui avait été promue reporter afin de montrer ce qu’est l’arbitrage du plus grand évènement annuel organisé par la FFE. Ce reportage vous donnera certainement envie de postuler sur l’un des prochains grands évènements !
Fraîchement AFC, j’ai postulé à tout hasard en tant qu’Arbitre au Championnat de France Jeunes à Agen, sur conseil de Sonia Bogdanovsky, Arbitre Fédéral Elite 1, qui avait arbitré l’un de mes tous premiers tournois rapides dans le Val-de-Marne il y a 3 ans maintenant.
Je n’en croyais pas mes yeux quand le 1er février dans la soirée, je reçois un email de Gérard Hernandez, me confirmant qu’il a retenu ma candidature. Après avoir posé mes congés le lendemain, et avoir eu la confirmation de Gérard H. que tous les frais (déplacement / hébergement / restauration) seraient couverts, il ne me restait plus qu’à attendre le moment fatidique.
Agen ? C’est où ? A côté de Toulouse ?.. Non plutôt de Bordeaux.. Un collègue du cours débutants du mercredi soir au Club me parle déjà des pruneaux d’Agen. Ah oui, et ce tee-shirt du Prof. Charlie (Agen 2018) – je comprends mieux ! Je vais voir ça maintenant de mes propres yeux !
Je parle avec d’autres arbitres de ma « promotion » et finis par comprendre qu’être une femme a dû m’aider, des collègues masculins n’ayant pas été retenus, afin de constituer une équipe parfaitement paritaire.
Gérard H., AI et Arbitre en chef du Championnat, nous informe régulièrement par email : et voilà notre répartition par catégorie (contente car je suis dans la plus petite catégorie des grands et donc attendue une semaine entière).
J’apprends par la même occasion qu’en fonction du grade d’arbitre on est Arbitre principale ou adjointe…, et voilà que la fédération a décidé d’augmenter notre indemnité et nous donner en cadeaux des blazers spécialement conçus pour nous… N’étant toujours pas une pro de courses en ligne, je galère un peu au dernier moment, car – grande surprise – les grandes surfaces ne raffolent pas de foulards féminins bleus unis aux couleurs de la Fédération qu’il nous a été demandé d’avoir pour l’occasion, mais bon, valise prête, le Jour J j’embarque dans le TGV pour réviser une dernière fois le Livre de l’Arbitre, les Annales d’examens et autres pièges. 2 h pétantes jusqu’à Bordeaux, un TER filant à travers la campagne aquitaine en direction des terres, et nous voilà à son terminus, Agen.
Entre-temps, l’entreprenant AI Christo Dimitrov nous invite toutes et tous dans un groupe sur WhatsApp intitulé « Arbitres CDFJ Agen 2022 » où tout le monde échange sur un ton amical, comme si on se connaissait depuis toujours.
Gérard H. nous accueille à la gare, moi et une autre arbitre, en voiture, car le planning est serré et nous attaquons dès l’après-midi même toute la préparation : le pointage des jeunes participants pour les uns, le réglage des pendules et la fin d’installation de la salle pour les autres. J’hésitais entre le pointage et le réglage des pendules, mais après avoir dit à Gérard que je ne connaissais pas la pendule DGT 3000, il a tout de suite proposé ….. que je m’occupe des pendules évidemment, pour me familiariser à la manipulation et être plus efficace pendant les incidents de jeu plus tard pendant le championnat !
Me voilà partie en compagnie de l’AFO1 Brice Aidaoui et de l’AFO2 Fabrice Tur directement dans l’énorme salle principale encore vide et froide.
En voyant les tables couvertes de nappes et d’échiquiers, j’imagine le travail titanesque qui a été mené au préalable par les responsables de l’organisation FFE avec l’aide de l’Echiquier Agenais. Quelle organisation et motivation surtout !
La grande salle de l’imposant Centre de Congrès est prête et il reste du temps avant la fermeture du pointage à 20h. Les parents et responsables des clubs affluent, mais c’est un plaisir à gérer, car tout est pensé : un stand par catégorie, badges et kits d’accueil prêts à être donnés. Quel bonheur de voir des enfants et ados repartir heureux avec leur sac à dos aux couleurs du Championnat, un livre d’échecs en fonction de l’âge, et bien sûr, le graal – un badge nominatif aux couleurs de sa catégorie.
20 h. Enfin … Repos mérité après une longue journée. Mais déjà des propositions de dîner pleuvent dans le groupe WhatsApp, et il n’y a qu’à se décider au plus vite. Décidément, on n’est jamais seul ici 🙂
Dimanche – fin du pointage et 1ère ronde pour les grandes catégories.
On se répartit la surveillance des deux portes d’entrée de la grande salle, car personne à part les joueuses et les joueurs n’est autorisé à entrer. Les numéros des tables aux mêmes couleurs que les badges aident les petits et moins petits à s’y retrouver assez aisément. Les parents commencent à s’installer dans la galerie en haut de la salle : on se sent scrutés avec des jumelles, filmés avec tout type de matériel sophistiqué.
Des autorités échiquéennes et municipales font un grand speech de soutien, de remerciements, Eloi Relange, Président de la FFE se souvenant, entre autre, avoir joué à ses débuts au Championnat de France des Jeunes il y a maintenant 35 ans…
Et voilà qu’après le magique « Les Noirs appuient sur la pendule », on n’entend plus que les cliquetis doux mais fermes des balanciers, propres aux parties lentes, propices à la réflexion.
Il est temps pour nous de passer en revue toutes les rangées de notre catégorie, en veillant que toutes les parties ont correctement démarré.
Ensuite, globalement, c’est calme. Parmi les 149 compétiteurs de la catégorie U12 mixte, une fillette seulement, apparemment une ancienne Championne, d’un bon niveau. Les enfants et ados savent jouer, globalement connaissent les règles, mais on sent que notre présence est importante et impose le respect.
Très peu de coups illégaux, un peu plus chez les filles dans les U12F, on se concerte pour mettre une croix sur la feuille de partie de celui ou celle qui en est à son premier coup. Bien pensé pour le collègue qui interviendra lors du second coup illégal !
Après le rush des premiers jours (pointage, réglages, 2 rondes le même jour lundi), une routine agréable s’installe à partir de mardi, avec une seule ronde par jour l’après-midi, et… l’entrée en lice des petites catégories (U10 / U10F, U8 / U8F) et de leurs arbitres.
Les arbitres s’occupant des petites catégories – pour ceux qui n’étaient pas déjà là avant comme AF Matthieu Vieira et AF Thierry Delelis-Fanien, commencent à arriver : la famille échiquéenne Catherinot de Liffré, ou encore Claire Gobert de Palamède (Paris), comme moi, tout fraîchement diplômée AFC, mais visant déjà plus loin, car un stage AFO1 est organisé par ses soins les 28 et 29 mai prochains, pour éventuellement valider l’examen le 18 juin ensuite.
Bon, quoi dire, on se sent bien entouré, par des gens ayant la même passion et les mêmes valeurs, drôles et agréables, bref, bien au chaud ! Les repas du soir permettent de mieux se connaître, d’échanger sur la journée qui vient de se terminer..
On apprend que c’est loin d’être aussi calme chez les plus jeunes : il faut non seulement savoir gérer les parties, mais les comportements parfois peu prévisibles (envies soudaines, petits malaises, triche même inconsciente..) Bravo à toutes et tous qui ont officié chez les petits, vous n’avez pas eu le temps de vous ennuyer, bien au contraire ! Il faut dire que leur planning était aussi plus chargé : 5 jours de tournoi seulement, mais avec deux rondes par jour pendant 4 jours, bien plus intense !
J’apprends que gérer l’angoisse chez les jeunes ne suffit pas, car les parents sont souvent encore plus stressés. Quand au milieu du Championnat, un père vient me voir en priant de surveiller l’adversaire de son fils, car soi-disant, celui contre qui il avait joué la veille, avait dit à ses parents que son adversaire allait souvent aux toilettes.. Ironie du sort, celui dont on parlait, comme m’a appris l’Arbitre principale de ma catégorie AI Loriane Lebret, s’est vu perdre sa partie la veille lors d’un contrôle aléatoire à la sortie des toilettes. Le détecteur de métaux a bien bipé, et un téléphone, bien qu’éteint, découvert au fond de la sacoche, lui avait en effet fait perdre sa partie, alors qu’il était gagnant sur l’échiquier. Tout cela pour dire, que les propos du père ne semblaient pas refléter la réalité, toutefois cela a valu au petit gagnant de la veille d’être plus qu’attentivement surveillé, ce qui ne l’a pas empêché de gagner de nouveau, mais cette fois, par son jeu.
Feuilles de parties redistribuées, pendules éteintes, appariements du lendemain et grilles américaines imprimés par les arbitres principaux qui ont la main sur le logiciel « Papi », on peut se retirer tranquillement à l’Hôtel, tout près du Centre de Congrès, où un dîner vient d’être réservé par le soin de collègues.. A demain les loulous !
Nous voilà le jour de la dernière ronde le dimanche matin – le réveil va sonner de nouveau ! – grande pression et soulagement en même temps chez les jeunes. Un noyau dur s’est formé aux 4 tables aux échiquiers sensitifs de chaque catégorie, où les parties sont retransmises en direct aussi bien via le site du Championnat, que sur chess24.
Laëtitia et Margot – les Bretonnes – ainsi que moi-même repartons avant la remise des prix – travail et études obligent, et notre Chef préféré nous fera gentiment une dernière fois office de chauffeur jusqu’à la gare.
Dernier repas à la salle « polyvalente » regroupant buvette (offerte pour nous), très bon traiteur de plats chauds où j’ai eu aussi ma provision de produits locaux, salles d’analyse par Ligue, stands divers, en compagnie de l’AI Christo Dimitrov, qui nous parle déjà, avec son accent bulgare à peine perceptible, du prochain Championnat de France « adultes » d’Albi en août, de l’AI Stephen Boyd, qui avec son fort joli accent canadien nous parle de son prochain voyage à Toronto, des jeunes qui se préparent à replonger dans leurs études (école d’orthoptistes pour l’AI Loriane Lebret, physique–chimie pour l’AFO 1 Julie Colin, bac blanc de philo pour l’AFC Margot Catherinot…).
Alors, bonne chance les Jeunes !.. On le sait tellement que toutes les bonnes choses ont une fin, mais dans un coin de tête on continue de rêver, à une autre fois peut-être ? A Agen ou ailleurs !
Iryna Puzenko
AFC et Arbitre des CDFJ d’Agen 2022
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